Certaines réalités sont, davantage que d’autres, malmenées par les particularismes d’une époque qui célèbre le court-termisme, la marchandisation, la compétition, qui sacralise la réussite, la conquête, la domination. La fragilité – toutes les formes de fragilités : celle de l’Homme bien sûr, celle aussi de la faune, de la flore – est l’une de ces réalités malmenées. Il y a la fragilité des plus vulnérables, mais surtout la part de fragilité que chacun possède au fond de lui, dans une intimité constamment mise à l’épreuve (dans sa famille ou au travail, à l’école ou dans son milieu social, par la maladie ou les accidents de la vie, etc.).
Dans un contexte civilisationnel, sous le joug de la double performance humaine et technologique, le respect et la considération de cette fragilité semblent, plus que jamais… fragilisés. Au point qu’est nié l’incontestable : n’est-ce pas dans nos fragilités que se nichent les plus riches altérités, les plus beaux trésors – émotionnels, créatifs, relationnels ?
C’est à l’exploration de ces beaux trésors, et avec l’absolue nécessité d’honorer et d’intégrer la fragilité que nous pourrons appréhender avec confiance les grandes mutations et les grands défis du monde – économiques, sociaux, migratoires, environnementaux, et même spirituels. Les acteurs de ce débat s’emploieront à l’expliquer.